Chouette du centre-ville, le premier film du duo Lily Rabe et Hamish Linklater, s’aventure dans l’équilibre délicat entre la comédie et le drame dans le contexte sombre d’une petite ville du Dakota du Nord. Basé sur le roman de Chuck Klosterman de 2008, le film tente de relier les vies disparates de ses personnages dans la perspective d’un blizzard qui change la vie. Si l’ambition de Rabe et Linklater est palpable et si la qualité de la production du film sous leur direction conjointe, aux côtés des productrices Bettina Barrow et Rebecca Green, est irréprochable, Chouette du centre-ville a finalement du mal à résumer pleinement la profondeur et les nuances de son matériel source.

Les choix de casting, avec Rabe elle-même devant la caméra dans le rôle de Julia Rabia, professeur d’anglais nouvellement arrivée, et le soutien d’Ed Harris dans le rôle d’Horace Jones réfléchi, sont louables. Les nouveaux venus et les acteurs chevronnés, dont Vanessa Hudgens dans le rôle de Naomi, August Blanco Rosenstein dans le rôle de Mitch Hrlicka, Jack Dylan Grazer dans le rôle d’Eli, Finn Wittrock et Henry Golding dans les seconds rôles, livrent des performances qui mettent en valeur les quêtes individuelles de connexion et de sens de leurs personnages au milieu du monotonie de la vie dans une petite ville.

Le mauvais:

Mais là où le film trébuche, c’est dans son rythme et son exécution narrative. La tentative de jongler avec les arcs émotionnels importants de Julia, Horace et Mitch conduit souvent à une expérience visuelle fragmentée. L’histoire de chaque personnage, riche en potentiel, est mal desservie par la nécessité de changer d’orientation, laissant leurs récits quelque peu abrégés. L’environnement richement détaillé de Owl, censé servir de personnage à part entière, s’efface parfois à l’arrière-plan plutôt que d’amplifier les histoires qui s’y déroulent.

Le bon:

Du point de vue de la réalisation, les débuts de Rabe et Linklater démontrent leur respect évident pour le matériel de Klosterman. Leur décision de rester fidèle au décor et à l’époque est visuellement gratifiante, la cinématographie capturant le paysage sombre et gelé qui reflète l’isolement ressenti par de nombreux habitants d’Owl. Néanmoins, leur transition des subtilités de la mise en scène au théâtre vers le cadre plus large du cinéma semble rencontrer une courbe d’apprentissage. A l’heure, Chouette du centre-ville pourrait bénéficier d’une structure narrative plus serrée et d’une interaction plus dynamique entre ses personnages centraux.

L’humour, bien que présent, vacille dans son efficacité. Le film vise à juxtaposer l’absurdité de la vie quotidienne avec en toile de fond la catastrophe imminente provoquée par le blizzard. Quand cela arrive, cela met en évidence l’ironie et la résilience inhérentes à la vie dans les petites villes. Les éléments comiques entrent en conflit avec les moments poignants du film, sapant ainsi l’impact émotionnel.

Les performances d’Ed Harris et Lily Rabe se démarquent notamment. Harris, dans le rôle d’Horace, offre un portrait introspectif et fondé qui ancre le film, fournissant un contrepoids nécessaire à l’ensemble du casting. Rabe apporte authenticité et profondeur à son double rôle d’actrice principale et de coréalisatrice.

Les départements de conception de production et de costumes méritent des éloges pour leur attention portée aux détails d’époque, transportant les spectateurs dans les années 1980. L’expérience immersive est parfois entravée par un scénario fidèle mais fluide. Le scénario de Linklater parvient à capturer la voix de Klosterman, mais peine à condenser les thèmes plus larges du roman dans la durée limitée du film.

En termes d’exploration thématique, Chouette du centre-ville fait des tentatives louables pour répondre à la recherche universelle de sens contre les forces de la nature et les attentes de la société. Le blizzard symbolise les aspects incontrôlables de la vie et les défis des personnages, mettant en valeur la puissance de la nature et la fragilité humaine. La métaphore est puissante mais manque d’exploration des thèmes existentiels.

Dans l’ensemble:

Finalement, Chouette du centre-ville est un film au potentiel inexploité. Il rassemble un casting prometteur, un décor évocateur et une prémisse convaincante. Mais il ne parvient pas à fusionner ces éléments en un tout narratif pleinement satisfaisant. Pour les fans du roman de Klosterman, le film propose un retour nostalgique dans le monde de Owl. Pour les nouveaux arrivants, il peut servir d’introduction intrigante, quoique inégale, aux thèmes et aux personnages qui peuplent l’œuvre de Klosterman.

En tant que premier film de Rabe et Linklater, le film montre une véritable affection pour la narration et un sérieux dans l’exécution qui est louable. Cela représente une première étape dans ce que l’on espère être un parcours cinématographique évolutif pour le couple. Alors que Chouette du centre-ville n’atteint peut-être pas les sommets auxquels il aspire, il démontre le potentiel de croissance et de raffinement des talents de réalisateur de Rabe et Linklater.

Downtown Owl Review : un effort respectable de Rabe et Linklater

  • Agissant – 6/10
  • Cinématographie/Effets visuels – 6,5/10
  • Intrigue/Scénario – 5/10
  • Cadre/Thème – 5,5/10
  • Observabilité – 6/10
  • Re-regardabilité – 4/10