Rêveur américain, réalisé par Paul Dektor dans son premier long métrage et écrit par Theodore Melfi, se positionne dans le domaine de la comédie noire, un genre connu pour sa capacité à tirer l’humour de situations que d’autres pourraient trouver désespérées ou moroses. S’appuyant sur un scénario qui captive au départ en raison de son principe original et d’un casting d’ensemble mettant en vedette Peter Dinklage et Shirley MacLaine, le film cherche de manière ambitieuse à offrir à la fois des rires et des observations poignantes sur la quête américaine du bonheur et l’idée d’accession à la propriété. Cependant, il livre finalement un sac mélangé qui laisse le public aux prises avec un potentiel inexploité et un sentiment de déséquilibre entre ses éléments comiques et dramatiques.
Le bon:
Au coeur de Rêveur américain est le Dr Phil Loder, décrit avec le charme et la profondeur caractéristiques par Dinklage, un professeur adjoint d’économie de bas niveau avec de grandes aspirations mais une situation de vie loin d’être grandiose. Ses désirs se manifestent en un désir presque palpable lorsque l’opportunité de sa vie se présente : la chance d’acheter un vaste domaine pour une somme absurdement petite à Astrid, une veuve solitaire jouée par la vénérable Shirley MacLaine. La prémisse est pleine de potentiel, tirant parti d’un crochet narratif classique qui promet de l’intrigue, de l’humour et éventuellement une touche sombre.
Le portrait d’Astrid par MacLaine mélange un humour ironique avec des couches de tristesse, offrant un contrepoint à l’optimisme frénétique de Loder. Les scènes partagées par Dinklage et MacLaine sont parmi les plus fortes du film, faisant allusion à une profondeur et à une nuance que le reste du film a du mal à maintenir de manière cohérente. Les personnages secondaires interprétés par Kim Quinn, Danny Pudi, Danny Glover et Matt Dillon s’ajoutent à la riche tapisserie du film, même si leurs performances donnent souvent l’impression qu’ils sont confinés par les limites du scénario, incapables d’explorer pleinement ou de se libérer des moules stéréotypés.
Le mauvais:
Où Rêveur américain faiblir est dans son exécution du genre de la comédie noire. Malheureusement, il ne parvient pas à maintenir un équilibre tonal stable. Les éléments comiques du film se heurtent parfois maladroitement à ses tentatives de profondeur, laissant le spectateur incertain s’il doit rire ou contempler les fondements les plus sombres du récit. De plus, alors que la prémisse promet une plongée profonde dans les absurdités et le désespoir inhérents au rêve américain, en particulier l’obsession de la propriété, l’intrigue vire parfois dans les domaines de l’invraisemblable sans l’esprit ou l’acuité satirique requis pour ancrer de tels détours.
Le réalisateur Paul Dektor fait un vaillant effort dans ses débuts, présentant des moments d’une véritable beauté et intelligence cinématographique. Cela se remarque particulièrement dans son utilisation du cadrage et de la couleur. Le rythme du film et certains développements de l’intrigue nuisent à l’impact et à la cohérence d’ensemble.
Le scénario de Theodore Melfi comporte des dialogues brillants, vifs, intelligents et révélateurs. Le récit ne parvient pas à maintenir la cohérence et la concentration nécessaires pour réaliser pleinement ses ambitions thématiques.
De plus, la fin du film semble quelque peu abrupte, laissant plusieurs fils narratifs non résolus et les arcs des personnages semblant incomplets. Il s’agit peut-être d’un choix intentionnel, conçu pour refléter la nature souvent incertaine de la vie et la nature insaisissable des rêves. Cependant, cela crée également du mécontentement, car le voyage manque de récompense concluante ou de jugement moral.
Dans l’ensemble:
Rêveur américain réussit sur plusieurs fronts. Il présente une histoire unique inspirée d’un segment de l’émission de radio This American Life. Il présente également des performances d’un casting sans aucun doute talentueux, et comporte des moments d’humour et de perspicacité authentiques. Mais ses difficultés avec le ton, le rythme et le développement des personnages limitent son potentiel.
Rêveur américain est un film avec des ambitions notables et une configuration convaincante qui, malheureusement, ne fait pas tout à fait mouche. Il s’agit cependant d’un début décent pour le réalisateur Paul Dektor. Il contient des performances que les fans du casting apprécieront probablement. Ceux qui recherchent une comédie noire équilibrée risquent d’être déçus.
Revue du rêveur américain
- Agissant – 6,5/10
- Cinématographie/Effets visuels – 5/10
- Intrigue/Scénario – 4/10
- Cadre/Thème – 4/10
- Observabilité – 5/10
- Re-regardabilité – 4/10