Robert Morgan, principalement connu pour ses courts métrages saisissants et macabres, effectue une transition en douceur vers le format long métrage avec Stop motion, un film d’horreur psychologique d’animation en direct/pour adultes qui brouille efficacement les frontières entre créateur et création. Co-écrit avec Robin King, le premier long métrage de Morgan est une exploration sombre et fascinante de l’art, de l’obsession et de l’identité, ancrée par une performance principale convaincante d’Aisling Franciosi.

Franciosi incarne Ella Blake, une jeune femme aux prises avec le lourd fardeau de terminer le dernier film en stop-motion de sa mère Suzanne (jouée par Stella Gonet). Suzanne, une célèbre animatrice désormais handicapée par l’arthrite et plus tard par un accident vasculaire cérébral provoquant le coma, laisse à Ella non seulement le défi technique de terminer un film, mais aussi le poids émotionnel de réaliser le dernier souhait de sa mère. Cette prémisse ouvre la voie à un récit riche de métaphores sur la création, la perte et les vestiges tangibles de ceux que nous aimons.

L’intégration de l’animation en direct et en stop motion se fait de manière transparente, témoignant des racines de Morgan dans l’animation et de sa profonde compréhension de son potentiel à raconter des histoires profondément humaines. Les séquences animées, bien que fantastiques, transmettent un sentiment d’émotion tangible, devenant une représentation visuelle des luttes internes d’Ella.

Mais c’est lorsqu’Ella décide de se lancer dans son propre projet, inspiré par une mystérieuse jeune fille dans son immeuble, que le film plonge véritablement dans ses éléments horrifiques. Le passage à la création d’un film en stop-motion sur une jeune fille fuyant une entité inquiétante appelée Ash Man inaugure une nouvelle couche de complexité narrative. Le film navigue de manière experte dans la dichotomie entre création et destruction, en utilisant d’étranges figures en stop-motion pour refléter la psyché en ruine d’Ella.

La profondeur psychologique de Stop motion est encore accentué par la performance de Franciosi. Son portrait de la descente d’Ella dans l’obsession et la folie est nuancé et profondément touchant. Elle veille à ce que le public soit ancré dans son point de vue, même si le récit sombre dans l’obscurité. Le casting de soutien offre des performances solides qui complètent l’atmosphère chargée d’émotion du film.

L’un des aspects les plus louables de Stop motion est sa volonté de se plonger dans les facettes les plus troublantes de la créativité. Le film ne recule pas devant la laideur qui peut accompagner l’acte de créer de l’art. Les sacrifices, l’obsession et les conséquences néfastes sur la santé mentale du créateur. L’inclusion d’images dérangeantes, en particulier dans le point culminant du film, peut rebuter certains spectateurs. Cependant, il est indéniable que ces éléments servent à mettre en évidence le pouvoir destructeur d’une créativité incontrôlée.

Cependant, alors que Stop motion est un début impressionnant, mais il n’est pas sans défauts. Parfois, le rythme du film semble inégal, en particulier dans le segment intermédiaire. C’est là que le récit serpente légèrement avant de retrouver sa place. De plus, certains développements de l’intrigue semblent prévisibles, ce qui nuit à l’impact global du point culminant de l’histoire. Malgré des défauts mineurs, le film est captivant par son mélange unique d’animation et d’action réelle.

De plus, la conclusion du film, bien que choquante, constitue un choix audacieux. Cela amènera sans aucun doute le public à réfléchir à la nature de l’histoire dont il vient d’être témoin. Cela soulève des questions sur le coût de l’effort artistique et sur les frontières floues entre fiction et réalité.

Stop motion est un formidable début de Robert Morgan, offrant une expérience d’horreur unique et stimulante. Le film de Morgan combine animation, performances fortes et récit captivant, démontrant leur capacité à mélanger des thèmes psychologiques avec des éléments de genre. Malgré quelques petits contretemps, Stop motion est un incontournable pour les fans d’horreur psychologique et de cinéma d’animation. Il rappelle le potentiel du médium à explorer les recoins les plus profonds de la psyché humaine.

  • Agissant – 8,5/10
  • Cinématographie/Effets visuels – 9/10
  • Intrigue/Scénario – 8/10
  • Cadre/Thème – 7/10
  • Observabilité – 8/10
  • Re-regardabilité – 7/10